Quelles options pour améliorer la mobilité touristique à Montréal ?

Publié le : 20 Juin 2024
Momentum examine comment la mobilité touristique à Montréal pourrait être améliorée en comparant diverses innovations technologiques utilisées à travers le monde.

Ce sont près de 10 millions de touristes qui sont venus visiter Montréal en 2023. Ces flux importants amènent leur lot de défis et un grand nombre de déplacements en transport collectif, en voiture ou à vélo. Passons en revue quelques solutions potentielles pour améliorer le parcours du visiteur à Montréal.

Des solutions ont été compilées en pleine pandémie par la chaire de recherche Transat qui visait ainsi à mettre de l’avant plusieurs innovations technologiques permettant une meilleure mobilité et accessibilité pour les attractions culturelles et touristiques, ici et ailleurs. Depuis, d’autres actualités et initiatives sont venues donner de nouvelles pistes pour mieux gérer les flux touristiques chez nous.

Relier le centre urbain avec les attractions extérieures

De nombreux touristes visitant une ville font le choix d’aller explorer les alentours durant leur séjour. D’ailleurs, avec les monts Sutton, Tremblant ou Orford, les régions avoisinant Montréal ne manquent pas de montagnes à explorer, sans compter les lacs ou les régions naturelles, comme la Mauricie.

Mont Orford, Quebec (Source: Unsplash)

En Islande, la station thermale Blue Lagoon est reliée par bus à Reykjavik, la capitale, pour rendre cette attraction plus accessible. Le concept a même été poussé plus loin sur cette île nordique, puisque cette navette relie désormais directement l’aéroport de Reykjavik au Blue Lagoon. Cela permet un trajet simple et efficace pour les voyageurs fraîchement débarqués ou pour ceux qui effectuent une longue escale.  

Dans les villes nordiques ou montagnardes, les navettes peuvent aussi amener aux stations de sports d’hiver. Par exemple, dans les Alpes françaises, 14 stations de ski sont accessibles en bus au départ de Grenoble. Les bus Transaltitude sont offerts par les autorités locales. Un autre service, Skiligne, permet d’obtenir un forfait pour la navette ainsi que les remontées mécaniques dans six stations. L’aller est le matin, le retour le soir. 

De notre côté de l’océan, la vallée de Banff dispose d’un réseau de bus de 10 lignes, nommé Roam, qui offre des liaisons entre les villes, les hôtels, les campings et les attractions naturelles de la région, comme les lacs Moraine et Louise. 

Une liaison ferroviaire est d’ailleurs sérieusement envisagée pour relier la ville des Rocheuses à l’aéroport et au centre-ville de Calgary. Le projet a pour but de décongestionner l’autoroute existante, qui est prise d’assaut par les résidents et les touristes. Il est estimé que 20% des trajets sur ce tracé seront faits en train, ce qui retirerait 4.5 millions de véhicules de l’axe routier Banff-Calgary. Cette nouvelle liaison vise également à faciliter l’accessibilté de Banff aux  travailleurs saisonniers dont la mobilité peut être un enjeu. 

À Montréal, le concept de telles navettes n’est pas étranger. Ce sont ainsi vingt parcs nationaux, régionaux et sites historiques qui sont accessibles avec le service de l’entreprise québécoise, Navette Nature. Des bus scolaires sont utilisés pour déplacer les touristes de la métropole vers des lieux reculés, peu accessibles sans voiture. 

Parmi ces parcs, trois sont situés sur l’île de Montréal et les navettes de Navette Nature sont alors gratuites, en partenariat avec la municipalité. Pour l’heure, Montréal ne dispose pas encore d’un service reliant quotidiennement les espaces naturels au centre de la métropole.

Les données pour mieux comprendre et gérer le parcours du visiteur

Face à la saturation des systèmes de transport mais aussi des rues et des attractions, les villes touristiques doivent développer des solutions innovantes. À Paris, le Massachusetts Institute of Technology et la SNCF collaborent sur le projet AI station qui grâce aux réseaux Wi-Fi vient dessiner les parcours précis des passagers des gares de Lyon et de Saint-Lazare. Le but est de mieux comprendre les trajets effectués en gare par les millions de personnes qui transitent à travers ces deux gares. 

Aux États-Unis, des stations de ski analysent, avec l’aide de l’entreprise Rove, la démographie et l’origine des visiteurs, ainsi que la distance qu’ils ont parcourue. Cette information est récoltée en compilant les données anonymisées des téléphones cellulaires des touristes. 

Les trajets effectués avec les vélos Oslo City Bikes sont sauvegardés et compilés en données ouvertes, afin de mieux comprendre les déplacements et les besoins des cyclistes. Chez nous, BIXI met également à disposition des données ouvertes, les compteurs se sont multipliés sur les pistes cyclables montréalaises et les données récoltées sont ouvertes pour tous. 

Oslo City Bikes, Norvège (Source: Unsplash)

Cette meilleure compréhension du parcours du visiteur permet ensuite de prévoir des aménagements ou des mesures qui améliorent l’expérience usager sur la base de données concrètes. 

Les navettes autonomes, le futur de la mobilité touristique ? 

L’automatisation offre une solution innovante pour les déplacements touristiques. Les canaux d’Amsterdam pourraient bientôt être parcourus par Roboat, des navettes autonomes par bateau, actuellement en test. Ce système permet de transporter autant des passagers que des biens, des livraisons et des déchets réduisant ainsi l’empreinte carbone de ses véhicules.  

À Paris, une navette autonome permet de relier trois gares (Lyon, Bercy, Austerlitz) situées à proximité mais dépourvues jusqu’à la d’une ligne de bus sur ce tracé précis. Ces trois gares sont fréquentés annuellement par un total de plus de 120 millions de passagers. Étant donné qu’il s’agit d’une expérimentation, les horaires des navettes sont encore très limités. 

Avec la transformation du Vieux-Montréal en zone à priorité piétonne, dès cet été, et la piétonnisation de la voie Camillien-Houde, Montréal va devoir réfléchir à des options de déplacement pour les visiteurs à mobilité réduite. Les navettes autonomes pourraient alors représenter une solution. 

La Grande Roue de Montréal (Source: Unsplash)

Que ce soit l’autonomisation des transports, l’utilisation des données pour une gestion efficace des flux, l’amélioration des transports entre les espaces naturels et le centre urbain, les solutions innovantes qui peuvent s’appliquer à Montréal sont légion. Ces solutions sont également une opportunité d’offrir de nouvelles expériences de mobilité, et particulièrement de micro-mobilité, aux visiteurs.   Pour l’équipe de Momentum, il est essentiel d’intégrer ces solutions innovantes dans le contexte spécifique de chaque projet.

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